La joie # 1-2 sur 6

(Extrait de la Revue Franciscaine (1976)

THÈME : La joie
1. La Joie humaine (Rachel Codère, Julien Bernard)
2. La Joie chrétienne (Rachel Codère, Julien Bernard)
3. La Joie franciscaine (Rachel Codère, Julien Bernard)
4. La Joie dans l'actualité (Rachel Codère, Julien Bernard)
5. Les dix commandements de la joie (Gaston Courtois)
6. Ce trésor qu'est la Joie (Sœur Lucette, o.s.c.)

Nous aborderons dans ce premier message les # 1 et 2

l - Joie humaine

"Vif sentiment de satisfaction que l'on éprouve à l'idée d'un bien réel ou imaginaire", telle est la définition du dictionnaire Quillet au mot "joie". En s'éveillant au monde, l'homme éprouve le désir d'être heureux, de trouver le bonheur ; il y a, comme chacun sait, plusieurs degrés dans ce bonheur. Son expression la plus noble est la joie lorsque l'homme, au niveau de ses facultés supérieures, trouve sa satisfaction dans la possession d'un bien connu et aimé. Ainsi l'homme éprouve la joie lorsqu'il se trouve en harmonie avec la nature, et surtout dans la rencontre, le partage, la communion avec autrui.
Alors, quelle différence entre le plaisir et la joie ? Le plaisir est dans les sens, la joie est dans le cœur ou l'esprit. La joie peut coexister avec les plus grandes douleurs. "Quelqu'un qui est triste est quelqu'un qui pense trop à soi' (François d'Assise). Il serait donc malséant de parler de joie si on oublie le devoir primordial d'amour du prochain.
La joie humaine tient aussi une grande place dans la Bible. Les Psaumes invitent à la joie. Les Prophètes annoncent la joie messianique. Le Christ n'a-t-il pas enseigné aux apôtres que la vraie joie n'est pas en
opposition avec la croix et que la tristesse peut se changer en joie ? La joie peut ainsi jaillir de la souffrance acceptée par amour de Dieu : Saint Paul affirme qu'il surabonde de joie dans ses difficultés et ses misères (2 Co. 7,4). Si les chrétiens sont joyeux, c'est qu'ils ont au cœur une grande espérance.

2 - Joie chrétienne

La joie chrétienne est un thème fondamental pour les chrétiens. Si l'amour est le fondement et la forme de toutes les vertus, la joie chrétienne doit accompagner toutes les vertus. Elle est comme l'amour, un fruit de l'Esprit Saint. Elle est liée à l'espérance qui anime les croyants. Sans cette joie, les chrétiens ne peuvent prétendre vivre authentiquement de l'Évangile, ni témoigner efficacement de sa Bonne Nouvelle. La joie proprement spirituelle consiste en ce que l'esprit humain trouve le repos et une intime
satisfaction dans la possession du Dieu trinitaire, connu par la foi et aimé avec la charité qui vient de lui.
Une telle joie caractérise dès lors toutes les vertus chrétiennes. La joie est liée à la venue et la présence du Christ. De la joie apportée par le Seigneur, nul n'est exclu. Tous ceux qui croient dans le Christ sont
appelés à participer à cette joie.
Jésus veut qu'ils aient en eux-mêmes sa joie en plénitude. Pour le chrétien comme pour Jésus, il s'agit de vivre dans l'action de grâces au Père les joies humaines que le Créateur lui donne. . C'est en devenant davantage présent à Dieu, en se détournant du péché, que l'homme peut entrer dans la joie spirituelle. La joie ne peut mourir parce qu'elle est d'ordre spirituel et il serait bien étrange qu'elle ne nous donne pas un visage de sauvés. La joie d'être chrétien, relié à l'Église, "dans le Christ", en état de grâce avec Dieu, est vraiment capable de combler le cœur humain. Le message de Jésus promet avant tout la joie, cette Joie exigeante ; ne s'ouvre-t-il pas sur les Béatitudes ? Le chrétien et en premier lieu l'apôtre se doit de devenir le "modèle du troupeau" et s'associer librement à la passion du
Rédempteur.
La joie naît toujours d'un certain regard sur l'homme et sur Dieu. Pour l'homme, sa vocation au bonheur passe toujours par les sentiers de la connaissance et de l'amour, de la contemplation et de l'action. L'Esprit Saint donne aujourd'hui encore à tant de chrétiens la joie de vivre chaque jour leur vocation particulière, dans la paix et l'espérance qui surpassent les échecs et les souffrances. La joie ne peut se dissocier du partage. En Dieu lui-même, tout est joie parce que tout est don. Dans la mesure où
l'on partage, on a la joie.
Tout l'Évangile est imprégné de joie et c'est surtout dans celui de l'évangéliste Luc qu'on y trouve le plus grand nombre d'allusions. Voici quelques textes qui illustrent bien la joie à travers l'Évangile :
Luc 1,28 : L'ange salue Marie en ces termes: "Réjouis-toi, pleine de grâces!"
Luc 2,10 : Les bergers invités à la joie: "Je vous annonce une grande joie qui sera pour tout le peuple (..,) un Sauveur vous est né."
Luc 10,17 : Les apôtres reviennent tout joyeux de leur mission: "Réjouissez- vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux."
Luc 15,7 : Parabole de la brebis perdue: "II y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent. .."
Luc 19,6 : Zachée: "Et vite il descendit et le reçut (Jésus) avec joie".
Luc 19,37: Entrée de Jésus à Jérusalem: "La foule des disciples remplis d'une grande joie se mit à louer Dieu d'une voix forte pour tous les miracles qu'ils avaient vus."
Luc 24,41 : Les disciples voyant Jésus ressuscité: "Et comme dans leur joie ils se refusaient. à croire et demeuraient ébahis..."
Luc 24,52 : Après l'Ascension : "Les disciples revinrent en grande joie à Jérusalem, et ils étaient continuellement dans le Temple à louer Dieu."
Jean 15,11 : Après la Cène: "Je vous ai dit ces choses pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète."
Jean 16,20 : Le monde, lui, se réjouira; vous serez dans la tristesse mais votre tristesse se changera en joie.
Mat 5,11 : Les Béatitudes: Bienheureux. ..bienheureux. ..

QUESTIONNAIRE POUR UN PARTAGE
a) Y a-t-il une différence entre la joie humaine et la joie chrétienne ? b) La souffrance peut-elle éteindre notre joie ?
c) Quel évangéliste parle le plus de joie ?
d) Pouvez-vous citer d'autres textes où l'Évangile parle de joie ?
Références: "Exhortation apostolique du pape Paul VI sur la joie chrétienne".

(à suivre)

Bonjour Serviteur,

J'ai toujours beaucoup de sentiments contradictoires quand je lis des textes sur la joie chrétienne. En effet, ma "maladie bipolaire" me fait connaître à la fois la très grande exaltation (peut-on dire "joie"?je crois que c'est une fausse joie, bien artificielle)et la plus profonde désespérance. Je connais de vraies joies spirituelles quand je réalise dans l'instant présent la Présence de Jésus pleine de bontés pour moi . Quant aux joies humaines,liées par exemple aux fêtes, depuis toute petite, elles sont mêlées d'angoisses: les rires, la foule me donnent de l'anxiété.je ne sais pas trop pourquoi. Célibataire , et vivant seule , je ne connais pas la joie d'être touchée physiquement ou d'avoir des enfants. Pour autant , on peut dire que je suis heureuse quand j'apprends, quand je lis, ou que je rends grâce, quand je rencontre des amis ou que je songe à ces rencontres, comme le dit très bien ton texte. Cepenandant, à la question "la souffrance peut-elle éteindre ma joie?", je répondrais que oui. Pour des raisons de dysfonctionnement dans la chimie de mon cerveau, la désespérance s'installe parfois, malgré ma foi. Je pense très sincèrement que la maladie peut parfois éteindre la joie, malgré une foi fervente, surtout les maladies de l'humeur ou les maladies très douloureuses. Qui dira les effets de la douleur aiguë sur une âme?Alors je me dis que cela n'empêche pas le soleil de briller derrière les nuages , comme le soulignait petite thérèse. L'évangéliste chez lequel je ressens beaucoup de joie, quand je le lis, c'est st Jean: le début de son Evangile surtout est d'un enthousiasme et d'une joie pleine à couper le souffle, comme une musique cosmique. Quand je vais mal, j'aime à le lire, comme un poème.
je te remercie, Serviteur, pour ce texte partagé qui est très beau et éclairant, dans le sens de lumière pour le chemin...

Que le Seigneur bénisse, pour toi et ta famille, la semaine qui va s'ouvrir,

Fanchette.

Bonjour,

Tout comme Fanchette, j'ai des souffrances psychologiques qui font que je ne ressens pas de joie de manière "stable" ou durable. Je prends des médicaments pour m'aider par rapport à mes crises d'anxiété et autres troubles. A cause de cela, je manque de cet atout qu'on devrait normalement trouver chez un vrai chrétien : la joie. J'ai des moments de joie, mais ils sont souvent entrecoupés de moments de tristesse. Et de plus, quand on porte en soi des souffrances qui reviennent souvent, on finit même par faiblir au niveau de la foi. Je crois que la souffrance (une souffrance lourde) peut effectivement diminuer voire éteindre notre joie... A moins d'être un chrétien convaincu, avec une grande foi et qui a une confiance énorme en Dieu. C'est deux poids deux mesures. Y-a-t-il une différence entre la joie humaine et la joie chrétienne ? Oui dans le sens où la joie humaine peut être limitée, matérielle ou égoïste, alors que la joie chrétienne est plus vaste, plus profonde et plus dans le vrai. Notre humanité nous rappelle nos limites, nous rapporte au fait que nous sommes fait de chair et de sang, tandis qu'une joie spirituelle dilâte l'âme et "agrandit" notre coeur. J'aimerais avoir une plus grande foi en Dieu afin d'être plus convaincue de Sa Présence, avoir plus la joie, même lorsque je suis dans la souffrance.

Paix et Bien

Fania

Bonjour, Frères et soeurs. Paix et tout Bien.
Comme l'a écrit Serviteur, La Joie est un fruit de l'Esprit-Saint.
C'est un don de Dieu.
Quand je reçois le témognage de ce frère qui me dit "Dans un embouteillage à Paris sous un soleil torride après une demi-heure d'impatience, j' ai eu l'assurance et une présence plus sensible du Christ sauveur.
Quand St François qui avait en horreur la vue des lépreux et qu'il dit: " Ce qui m'avait semblé si amer s'était changé pour moi en douceur pour l'Esprit et pour le corps."
Alors,oui c'est la grâce du Seigneur, c'est sa Bonté qu'Il nous donne au plus profond de notre coeur et que nous recevons d'autant plus que nous ouvrons notre coeur.
Oui le Seigneur est Bon éternel est son Amour! IL donne à profusion sa Joie comme un grand fleuve d'eau vive à toutes ses créatures. Non pas à cause de nos mérites mais Parce que Dieu est, et qu'il est Amour, bonté ... Par Grand Amour pour nous Il nous donne de partager sa Vie.
Gloire à Dieu. J.V.

Bonjour,

il me semble que la joie spirituelle rejoint la Joie de Dieu, elle est à l'image et ressemblance de la Joie de Dieu. Nous sommes réellement dans la joie lorsque nous vivons la Joie créatrice du Dieu vivant. Ce qui rend le Père heureux nous rend heureux pareillement.

En ce qui concerne la souffrance, s'est vrai quelle peut sérieusement atténuer la joie ou même l'éteindre totalement. Dans mes périodes de souffrance psychiques ou physique, je me suis souvent accroché à l'espérance, en me disant que je devais accepter des moments d'éclipse de la joie pour moi même -éclipse liée à la condition humaine abîmée par le péché - mais que la Joie vraie et pleine inonderait un Jour tout l'univers. L'espérance nous permet de nous arrimer à des certitudes fortes liées à l'avenir et ainsi à surmonter les épreuves du
présent. La joie peut-être momentanément éteinte mais elle ne peut être détruite de façon absolue car elle est en Dieu. L'espérance préserve la joie comme la braise sous la cendre...

Bien fraternellement
Thierry

Chers Ami(e)s,
Autant vous prévenir, j'ai PLEIN DE CHOSES à dire sur ce sujet et, ce soir, cette nuit, je ne livrerai que des bribes, des bribes "pas très catholiques" mais pourtant à la fois très humaines et très chrétiennes, enfin, il me semble...

Ecoutez-moi, sans préjugé, s'il vous plaît...
Samedi dernier, 14 juillet..., j'étais invitée chez une chère Amie, avocat, qui, chaque année au mois de juillet, invite le cercle de ses proches dans sa ravissante maison de campagne, autour d'un "barbecue" généreux et festif.
Cette année comme les précédentes, je me suis rendue à cette fête qui, dans ma vie de galère récente, était la première occasion de me détendre à moi offerte depuis un long bail...
Et j'y ai rencontré "LA JOIE"...
D'abord une femme, Catherine, venue se joindre à une conversation que j'avais avec un invité timide mais avide d'échanges, et chez qui j'ai immédiatement perçu sensibilité, intelligence, profondeur, amour, mais une fragilité aussi, des blessures dont les traits marqués et abîmés de son visage (elle a quelques années de moins que moi) sont les stigmates.
Dès que nous avons eu l'occasion d'échanger quelques mots, nous nous sommes senties en sympathie profonde, inexplicable puisque nous ne nous connaissions pas quelques minutes avant.
Et cette Catherine est... croyante, très croyante...
Mais ni "allumée" ni austère, non, pas pour un sou (sans quoi je n'aurais pas pu la trouver si attachante...).
Une croyante qui m'a dit, en substance : "je suis obligée de croire en Dieu car je ne vois pas d'autre explication que l'existence de Dieu au fait que je n'aie pas sombré"...
Quand je lui ai raconté deux ou trois choses de ma vie et surtout, quand je lui ai parlé impulsivement d'Agnès, ma petite soeur assassinée, elle s'est ouvertement demandé comment j'avais pu "me passer de Dieu" : c'est-à-dire ne pas sombrer alors que je n'avais pas la foi.
Et sa stupéfaction (c'est le mot) a été le point de départ d'un dialogue passionnant et passionné sur une question qui figure dans mon "questionnaire agnostique" que vous connaissez...
Quel dommage que ce dialogue ne puisse pas être reproduit sur ce forum !
Lorsque je suis partie, sur le coup de 2 heures du matin (elle restait dormir sur place, ce que j'aurais pu faire mais je devais être chez moi dimanche), je lui ai dit que j'espérais la revoir et elle m'a répondu : "moi aussi mais si cela n'arrivait pas, il resterait que nous nous sommes aimées aujourd'hui, c'est déjà merveilleux".
Quelle belle réponse !
Une réponse trempée dans la joie...
Je suis restée interdite et lui ai seulement dit : "tu as entièrement raison".
Catherine m'a écrit un message charmant hier, pour me dire qu'elle espère que nous nous reverrons... ce que j'espère aussi, donc.
Elle m'a écrit : "tu sais combien tu m'as touchée, que dire d'autre ?".
C'est joli, je pourrais lui écrire exactement la même chose, je l'ai fait d'ailleurs...
Et maintenant, une autre rencontre...
Heidi, mon amie-hôtesse, a créé une association, au sein du Barreau de Paris, qui parraine un village au Sénégal, en menant des actions humanitaires sur le thème de l'instruction et de la scolarisation de ses enfants.
Elle agit avec le concours d'amis Sénégalais qui vivent en France (tous de nationalité française) et qui ont pour particularité d'être des "intellectuels" totalement intégrés en France, mais nés dans ce village obscur.
Trois d'entre eux étaient invités à sa fête.
Alors que nous en étions au dessert, l'aîné des trois, que ses cadets appellent "papa" (je ne connais pas son véritable prénom) est venu s'installer à la table où j'étais assise et au bout de quelques instants, il m'a dit : "à la fin de la semaine, je vais au Sénégal, tu pourrais venir avec moi".
Notez bien que, jusqu'à cet instant, nous n'avions pas échangé d'autre mots que ceux des présentations faites par mon amie Heidi lors de l'apéritif sous la tonnelle.
Évidemment, j'ai éclaté de rire, non pas pour me moquer de lui mais sous l'empire de la surprise, et les autres convives ont ri également.
Mais ce "papa" sérieux comme un... pape, me regardant droit dans les yeux, avec cette profondeur et cette gravité insondables des regards africains, m'a dit : "je ne plaisante pas, je t'invite à venir avec moi au Sénégal".
Alors nous avons fait connaissance...
Il m'a dit qu'il m'avait remarquée dès mon arrivée à la fête mais qu'il croyait que j'y étais accompagnée, qu'il avait attendu de vérifier qu'aucun homme pouvant revendiquer un droit sur moi n'était dans les parages pour venir me parler.
Et après cela, il a toujours été là.
Pas "collant" (il n'aurait pas pu l'être longtemps si tel avait été le cas !), non, un homme charmant et doté de cette présence intense, authentique et très mystérieuse que je connais bien pour l'avoir souvent rencontrée, et qui m'interpelle fortement chez les descendants des premiers occupants de notre planète.
Qui m'interpelle et m'émeut profondément car cette présence parle à mon instinct de femme "préhistorique" (image ! ), un instinct puissant bien que j'aie passé ma vie à le gendarmer.
Un bel homme aussi, si vous voulez le savoir, dans le genre géant athlétique mais délié et gracieux, comme la plupart des hommes de sa race, une si belle race.
Je devais rentrer raccompagnée en voiture par deux Confrères "extrêmement parisiens"...
Catherine était présente à notre table quand "papa" est venu m'adresser son invitation et ensuite, elle a tout observé, en me lançant des regards pleins d'une très chaude complicité.
Alors que je devais partir, mes accompagnateurs ayant donné le signal, "papa" m'a priée de ne pas le faire en me disant que ses deux amis et lui me raccompagneraient à l'extinction des feux (ce qui les obligeait à faire un large détour).
J'étais hésitante, amusée mais hésitante, et c'est Catherine, cette femme douloureuse et croyante, qui m'a convaincue en me disant : "laisse-toi faire, c'est bon pour toi"...
En me disant cela, elle dirigeait sur moi un regard pénétrant et plein de tendresse qui m'a remuée, j'ai eu l'impression qu'elle savait tout de moi, qu'elle avait tout compris de mon histoire et de ce j'en avais fait.
J'ai accepté sur l'injonction de Catherine !
Après, "papa" m'a dit : "tu la connais depuis longtemps, cette amie qui t'a dit que tu devais rester" ?
Vous auriez vu sa tête quand je lui ai dit que je ne l'avais jamais rencontrée avant l'apéritif...
Je suis donc restée et Catherine avait raison.
La plupart des invités (parisiens en majorité) étant partis vers 19 heures, une nouvelle ambiance s'est alors installée.
Nous n'étions plus qu'une dizaine de personnes.
La chaleur se calmait, la lumière de l'été se faisait douce, André, le mari de Heidi, a allègrement servi une nouvelle tournée de champagne et dressé le buffet du dîner avec les restes de l'agneau rôti, du jambon cru en salaison, une salade, des tranches de melon et du vin frais.
Le climat de l'insoutenable légèreté de l'être régnait en maître.
Placée "d'autorité" à côté de "papa" avec Catherine en face de moi, j'ai senti toutes mes tensions et mes angoisses accumulées depuis des semaines se diluer et s'évanouir, je me sentais non seulement délicieusement bien et délivrée de la dureté de ma vie, mais protégée aussi, d'une manière inexplicable dont j'avais pourtant une conscience aiguë, exacerbée.
Après le repas, nous sommes tous allés assister au feu d'artifice du village (700 habitants...), c'était très gai, très irréel aussi.
"Papa" était derrière moi et, sans que je puisse y sentir aucune "avance déplacée" (il se serait pris un missile dans le cas contraire !), il avait mis ses bras autour de mes épaules et jouait avec mes cheveux, c'était très réconfortant, très pacifiant, très bienfaisant.
Je me suis interdit d'intellectualiser cet instant comme j'ai trop souvent tendance à le faire, je me suis seulement dit que Catherine avait raison.
Comme prévu, "papa" et ses deux amis m'ont raccompagnée à la maison.
Quand nous sommes arrivés à destination, "papa" m'a prise dans ses bras pour me dire au-revoir mais son geste n'était pas plus déplacé que lors du feu d'artifice.
Il m'a dit qu'il voulait me revoir et que cela arriverait certainement...
Pendant toutes ces heures où il est resté près de moi, il a essayé de savoir des choses sur ma vie privée actuelle, persuadé qu'il y avait au moins un homme dans cette vie même si j'étais venue seule.
Je n'avais pas envie de répondre à ses questions, je me suis tue en me contentant de lui adresser des réponses moqueuses et légères dont il a compris le sens, il n'a pas insisté, ce qui en dit long sur sa finesse.
Quand j'ai émergé dimanche, j'avais un message de lui me disant qu'il était bien rentré et s'était "endormi avec une douce espérance"...
Voilà, mes Ami(e)s, ce que j'ai envie de vous raconter, cette nuit, sans vous choquer, je l'espère, sur la JOIE.
"Au diable" le cloisonnement.
Entre cette joie "humaine" que j'ai vécue samedi, alors que je sortais d'un tunnel d'adversité et de "maintes petites souffrances usantes", et la joie "chrétienne" que vous évoquez, quelle différence ?
Aucune.
TOUT DÉPEND DE "COMMENT ON REçOIT LA JOIE" ET DE COMMENT ON LA VIT.
La joie humaine qui m'a été donnée samedi est une joie très chrétienne, je n'ai aucun doute là-dessus...
J'espère, très sincèrement, que vous serez d'accord avec moi, sans fausse pudeur, sans méchante censure.
Mais j'ai d'autres choses à vous dire sur ce thème !
Amitiés.
Véronique

Véronique a écrit:

Chers Ami(e)s,
Autant vous prévenir, j'ai PLEIN DE CHOSES à dire sur ce sujet et, ce soir, cette nuit, je ne livrerai que des bribes, des bribes "pas très catholiques" mais pourtant à la fois très humaines et très chrétiennes, enfin, il me semble...

(...)
La joie humaine qui m'a été donnée samedi est une joie très chrétienne, je n'ai aucun doute là-dessus...
J'espère, très sincèrement, que vous serez d'accord avec moi, sans fausse pudeur, sans méchante censure.
Mais j'ai d'autres choses à vous dire sur ce thème !
Amitiés.
Véronique

Merci beaucoup Véronique,

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt ton vécu de samedi, et je n'ai pas trouvé d'indice "de non catholicité" dans ton texte... donc, je ne trouve pas de motif de condamnation . Si dans l'assistance quelqu'un y aurait trouvé un motif de condamnation qu'il le fasse connaître et la cours ré-ouvrira le dossier .

Citation :

Différence entre joie humaine et joie chrétienne ? NON !

J'ai lu (et me souvient plus où) que meilleur humain tu deviens meilleur chrétien tu deviens... alors attention à toi Véro... tu pourrais bien sans t'en rendre compte passer de l'état agnostique l'état membre de notre "clan chrétien" et soit dit en passant que le fait d'être chrétien ne signifie pas automatiquement "meilleur humain" ici la conversion est à reprendre chaque jour.

J'espère bien que tu voudras nous garder au parfun... des rendez-vous à venir (si pas trop personnel)

Amitiés
Richard

Bonjour Fanchette et Fania,

Je peux comprendre vos sentiments car je connais une personne qui est affectée comme vous de trouble spyc. et je témoigne que ce n'est vraiment pas facile et je sympatise avec vous... mais comme vous dites... il y a des moments ou la joie est très présente.

Mais qui d'entre nous peut vraiment dire qu'il est constamment dans la joie ?

Paix et JOIE, Richard

Chers Amis,
Une fois encore, je publie ici un texte écrit par Mireille et de sa part, puisque pour des raisons mystérieuses qui nous dépassent..., notre Amie valaisanne ne parvient pas à accéder à notre forum.
Il s'agit donc d'un texte sur "la joie" qui lui a été inspiré par un événement triste...
Amitiés.
Véronique

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La joie… au milieu des larmes

Hier a eu lieu dans une église de village, au cœur de la Suisse, une célébration à la mémoire des six jeunes militaires décédés en montagne il y a quelques jours.
Six jeunes de 20 ans, des fils, des frères, des amis, des amoureux… avant tout amoureux de la montagne. Tellement qu'ils lui ont donné leur vie.
Six jeunes encordés, dont cinq qui ont suivi dans sa chute un camarade qui est tombé, et qui a entraîné les autres derrière lui.
Six jeunes qui faisaient leur école militaire pour devenir guides chevronnés, appelés à conseiller les troupes de l'armée lors de sorties en haute montagne.
Six vies en plein épanouissement.
Fauchées…
Alors, que dire de la douleur, de la révolte, du cri des familles, des amis, des camarades militaires ?
Incroyable fatalité, méchante adversité, terrible "complicité" dans la chute et dans la mort !
Horreur de la séparation brutale, du déchirement viscéral.
Pourtant, dans cette église bondée, à un moment donné, la joie a circulé. Je l'ai vue sur un visage, le visage d'une maman.
C'était tout à l'heure au journal télévisé.
Le commandant de la troupe a dit quelques mots aux familles, puis s'est adressé aux jeunes disparus. Un hommage bref, intense, profond. Terriblement émouvant.
Puis il a salué, du salut militaire, les 6 portraits alignés.
Ce salut traduisait et portait toute l'admiration, la compassion et l'amitié de la foule rassemblée.
Ensuite, on a allumé six grands cierges blancs qui ont continué de briller au milieu du chœur.
Douce lumière, chaude lumière, soutenue par une musique sacrée.
C'est là que la caméra nous a montré une maman.
Et sur son visage douloureux, un sourire.
Et j'y ai lu la joie.
Oui, j'ose le dire, cette femme éprouvait de la joie.
J'en suis persuadée.
Cette joie immense, qui bouscule un instant la douleur et la fait fuir, la joie de savoir que son fils était aimé et respecté.
Qu'il sera pour toujours aimé et respecté. Que ce cierge allumé en était la visible certitude…
Instant fugace, joie passagère ?!
Non, joie tenace et profonde qui reste en suspension au fond du cœur, au-delà de la douleur. Joie intérieure qui permet de ne pas sombrer.
Qui accompagne une "douce espérance".
Joie d'un amour qui a vécu, qui a traversé l'histoire, qui ne mourra jamais.
Joie profonde née du sentiment de "toucher" la vie, un instant, de se sentir vivant, appartenant à l'éternité.
Joie magnifiée par la présence d'un autre, de plusieurs autres, qui respirent la même vie, qui ressentent la même joie, intensément.
Alors oui, Véronique, la joie humaine, la joie de l'âme, qui n'a pas grand chose à voir avec le plaisir, avec un éclat de rire, est un sentiment unique. Humain ou chrétien, quelle importance ? Quelle différence ?
Celui qui éprouve un instant la vraie joie sait définitivement que la vie a du prix.
Il fera tout ensuite pour la semer, l'entretenir, la faire fleurir, la promulguer.
Et toi, Véronique, tu sais si bien la faire étinceler. Je le sais…
Merci à tous, ici, sur ce Forum, pour les perles de joie que vous faites briller et qui nous laissent au cœur une "douce espérance"…
Amitiés.
Mireille

ça aide à la joie, Merci Mireille pour ce message d'espérance et de joie!

J'ai la JOIE de vous annoncer que je peux enfin à nouveau me connecter !

Je bondis de plaisir.
Et je vous remercie d'avoir été si patients à m'attendre.

C'est promis - d'autant plus que j'ai la chance d'être très bientôt en
vacances - je viendrai régulièrement gribouiller quelques mots entre
vos lignes, pour "éditer" avec vous les histoires de la VIE.


J'ai relu tout à l'heure avec émotion le texte de Véronique qui nous
dit comment elle croirait, si un jour elle se mettait à croire.
(Cf témoignage, Si je croyais...)

J'y ai perçu beaucoup de JOIE, à tous les paragraphes.

Alors, si Dieu ressemble au magnifique portrait qu'elle nous trace de lui, il y a de quoi afficher un plus grand sourire !
Un sourire ému.
Un sourire entendu.
Un sourire étendu.

Voyez-vous, je ne sais pas si je suis plus agnostique que croyante aujourd'hui...
Mais quand je crois, mon Dieu ressemble étrangement au Dieu de notre amie agnostique !
Tiens, c'est peut-être le même !!!


Bien, je me réjouis de vous retrouver.
Je reviendrai.
Amitiés.

Mireille

RE
Mireille, ce sera toujours un plaisir de te lire