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 Suite : une agnostique à l'église...

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Véronique
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Véronique


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MessageSujet: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeLun 11 Sep 2006 - 20:29

Bonsoir chères toutes et chers tous...
Vous avez sûrement compris que je ne vous livrais pas seulement ici mes multiples et énervantes interrogations spirituelles mais aussi mes innombrables contradictions, des contradictions avouées et "assumées"...
Parce que cela ne me dérange pas du tout d'être pétrie d'interrogations et de contradictions, au contraire.
Alors, après vous avoir raconté ma singulière et peut-être "providentielle" rencontre avec le Père Dominique ("providentielle" pour lui aussi peut-être?!), ce Curé devenu un Ami quoi qu'il arrive, j'ai envie de vous raconter la cérémonie que nous avons préparée ensemble, dans les larmes mais aussi les rires et, en tout cas, la communion du coeur et de l'esprit.
Parce que là, sûrement, est ce qu'il faut retenir de cette "tranche de vie".
Parce que là, peut-être, se trouve le Dieu auquel vous croyez et auquel je croirais si je croyais.
Cette cérémonie était donc celle des funérailles de ma petite soeur.
Dans une église.
Avec le Père Dominique.
Pour lequel j'ai une tendresse indéfectible.
-----------------------
Vendredi 28 décembre 2001.
À l'église Saint-Rémy.
(…)
L’assemblée est entrée et s’est installée, le Kyrie de la Messa di gloria de Puccini, une aube de Toscane, musique prodigieusement tendre et caressante, a accompagné ce moment, seul le frisson de la stupeur d’être là pour accompagner tes funérailles est alors perceptible dans le silence immobile qui soude cette assemblée.
Le Père Dominique m’appelle, il me demande d’allumer le cierge pascal placé à côté de l’autel, symbole de résurrection.
Je me lève et vais vers lui, il me donne la bougie avec laquelle je ferai ce geste symbolique, ma main ne tremble pas.
J’ai repris ma place et le Père Dominique appelle alors Julien, Virginie et Matthieu qui, tour à tour, allument les trois bougies placées sur ton cercueil, une bougie pour chaque enfant né de toi, l’assemblée retient son souffle, le spectacle de ces trois enfants au visage grave, si beaux et si dignes, fait chavirer les coeurs.
La cérémonie commence vraiment.
Le Père Dominique nous parle.
Ô Agnès, quelle grâce d’avoir rencontré ce Curé-là en ce soir du 5 décembre 2001 pour s’occuper de toi, il est simplement merveilleux de simplicité, de profondeur et d’amour.
Il commence par ces mots magiques : "je vous demande pardon de ne pas avoir connu Agnès, vous qui l’avez connue et aimée, je voudrais l’avoir connue comme vous, je ne l’ai pas connue mais j’ai beaucoup entendu parler d’elle et je l’aime aussi"...
Des mots magiques, forts d’une telle chaleur et d’une telle lumière que toute l’assemblée est subjuguée.
Dans tout ce que ta fille et moi lui avons dit de toi, le Père Dominique a puisé l’or d’un discours humain et sensible, une humanité et une sensibilité que cet Homme de Dieu ne détache pas de sa foi, ses mots ne sont ni mièvres ni convenus, ils sont terrestres mais ils s’élèvent, la magie de ses mots lave, purifie et embellit notre chagrin et notre angoisse comme par enchantement, c’est chaleureux, consolant, magnifique.
Lui qui m’avait dit un soir : "j’espère que je serai à la hauteur, vous savez, je suis très sensible, je vais peut-être pleurer, je ne voudrais pas que l’émotion m’empêche de bien parler d’elle"..., il a merveilleusement bien parlé de toi, comme s’il t’avait connue, tu t’es emparée de son coeur de Curé, il t’aime.
Sont maintenant faites les lectures des textes sacrés que tes enfants ont choisis avec l'aide du Père Dominique.
Après la première lecture, l’Ave Verum Corpus de Mozart, un choeur recueilli et suave qui murmure à ton coeur blessé un chant sublime de douceur.
Après la seconde lecture, le Crucifixus de la Messe en si de Bach, un choeur grave d’une puissance retenue qui ouvre à ton âme vagabonde le chemin de l’élévation.
Deux musiques splendides aujourd’hui composées pour toi.
Vient le moment de l’encensement de ton corps martyrisé, de ton corps par deux fois massacré, d'abord le meurtre puis l'autopsie.
Le Père Dominique t’encense en psalmodiant les mots de sa foi, ce moment, je l’attendais avec avidité, j’avais besoin de voir cet Homme de Dieu faire ces gestes si poignants, peu importe alors que l’on croie au Ciel ou que l’on n’y croie pas, des gestes beaux et puissants qui arrachent la douleur humaine à son étau de plomb, qui la transfigurent.
C’est le Pie Jesu du Requiem de Fauré qui accompagne ce rite magnifique, la musique que tu as choisie avec moi pendant les nuits insomniaques que j’ai vouées au choix des musiques dignes d’accompagner l’envol de ton âme, ce Pie Jesu qui t’a subjuguée un soir paisible et doux de notre été 2001 finissant, tu l’avais par avance choisi et je n’ai eu qu’à m’en souvenir, je m’en suis souvenue.
Les intentions de prière vont maintenant être lues.
Aux mécréants que nous sommes, le Père Dominique a expliqué le "mode d’emploi" de ces intentions et tes enfants m’ont confié le soin de les rédiger après avoir choisi avec moi le thème de chacune d’elles.
J’ai choisi la mienne, une intention inspirée par notre secrète histoire de sœurs et écrite avec un souvenir douloureux mais beau qui n’appartenait qu’à nous.
La première intention de prière est dédiée par tes trois enfants orphelins à leur "formidable Maman", je l’ai écrite avec leurs larmes et leurs supplications, les mots qui me sont venus pour écrire leur cri d’amour sont des mots enfantins.
Elle est suivie par la mienne, celle que je te destine à travers Edith, notre grand-mère, Bernard, notre père et Daniel, notre frère aîné, ces trois disparus que je n’ai pas cessé d’interpeller et de supplier quand, d’insomnie en insomnie, la vision de ton martyre me menait aux confins de la folie, eux seuls pouvaient m’entendre dans mes cauchemars éveillés.
(…)
Edith, Bernard, Daniel, dans le secret de mon cœur et de mes pensées solitaires, je vous confie Agnès, ici et maintenant, je crois que vous m’entendez et que vous la prenez dans vos bras, je crois que vous êtes ces mains bienveillantes et miséricordieuses qui l’aident à franchir le seuil d’un ailleurs nimbé d’une lumière pâle, je crois que vous êtes ces voix douces qui l’accueillent avec une mélopée grave et tendre de bienvenue, c’est vous que j’ai vus en écoutant Schumann, "in modo d’una marcia, un poco largament", je ne peux pas faire autrement que le croire.
Puis c’est toi qui dédies une intention de prière à tes trois enfants orphelins, comme si tu leur demandais pardon de les avoir abandonnés en cours de route (…).
Enfin il y a l’intention de prière pour ton meurtrier, une intention qui a fait suffoquer le Père Dominique quand je la lui ai soumise...
il m’a regardée avec stupeur : "il n’y a donc pas de haine en vous ?".
En voilà une question de la part d’un Curé !
Pourtant, si j’ai écrit cette intention de prière pour ton meurtrier avec l’accord de tes enfants, ce n’est pas atteinte par la grâce de l’évangélique pardon des offenses, un pardon hors-sujet puisqu’il n’était pas demandé, un pardon impossible parce que le pardon est inhumain.
Devant la stupeur admirative du Père Dominique, une admiration qu’il me dit en mots explicites, j’éprouve le besoin de dissiper un malentendu, je ne veux pas d’une admiration que ne mérite pas du tout cette intention de prière, je ne veux pas d’imposture ni de leurre entre cet Homme de Dieu et moi, non, il n’y a rien d’admirable dans cette intention de prière et je le lui dis avec une rude franchise qui le fait sourire.
S'il vous plaît, ne vous méprenez pas, mon Père, il se trouve seulement que nous n’avons pas un atome d’énergie à gâcher dans une haine vouée à cet étranger au bras armé et aux yeux bandés, à cet instrument sans esprit ni âme d’un destin infernal, la haine est un fardeau encombrant et inutile, le fardeau de la douleur est bien assez écrasant, la haine est un excédent de bagage que nous n’avons pas les moyens de porter.
Mais le meurtrier mérite une prière car s’il n’accède pas à la pleine conscience du malheur infligé, s’il n’accède pas au repentir véritable, c’est l’enfer sur terre qui pour lui commence, l’enfer sur terre, un enfer interminable où la puissance d’une âme invisible ne lui laissera nul répit.
Agnès le hantera aussi longtemps qu’il n’aura pas accédé à la pleine conscience du malheur infligé et au repentir véritable, je sais qu’Elle le hantera alors qu’Elle a autre chose à faire, prier pour lui, c’est prier pour Elle, c'est prier pour qu’Elle avance sereinement sur la voie blanche et bleue de son devenir infini.
Quand j’explique au Père Dominique le sens de cette intention de prière destinée à ceux qui ont cédé aux forces du mal, il me regarde avec stupeur et tu vois, petite sœur que je sais en accord avec elle, je ne suis pas mécontente qu’un Curé ait été un peu bluffé par cette intention mécréante...
(...)
Le Père Dominique sait que son assemblée est composée de quelques croyants mais surtout d’agnostiques et d’athées.
Pendant notre préparation de la cérémonie, j’ai tenu à lui dire que je ne prenais pas son église pour une "salle des fêtes louée pour une soirée" et que je respectais son territoire d’Homme de Dieu auquel je demandais un refuge sacré et non un trivial hébergement.
Il a ri puis m’a répondu que face à une telle assemblée, il s’abstiendrait seulement de célébrer l’eucharistie, un sacrement qui ne concerne que des catholiques croyants et pratiquants que pour la plupart nous n’étions pas.
Mais après les intentions de prière, il nous propose de dire un Notre Père en précisant avec délicatesse que le droit au silence est un droit acquis pour chacun, ce Père Dominique tolérant est exactement le Père qu’il te fallait, toi qui comme moi détestais l’intolérance.
Les croyants disent cette prière et par amour pour le Père Dominique, j’articule quelques mots d’un Notre Père que je n’ai pas dit depuis des siècles.
Maintenant, l’assemblée va bénir ton corps, c’est le moment de l’aspersion, chacun va jeter sur ton cercueil quelques gouttes de l’eau symbolique qui rappelle le baptême.
Quand vient mon tour (...), je pose un baiser sur ton cercueil, un baiser qui s’arrache comme, tout à l’heure à l'institut médico-légal, ma main s’est arrachée de ton front caché par le drap de satin crème.
Pour accompagner ce moment, j’ai choisi le "Seling sind..." du Requiem allemand de Brahms, l’une des musiques les plus recueillies et les plus tendres qu’il m’eût été donné d’entendre, offrande de consolation à la douleur humaine, une merveille composée par un éléphant en cristal…
Il nous reste à sortir de l’église, le Père Dominique nous adresse quelques mots tendres d’au-revoir et c’est un Ave Maria de Verdi qui ferme la cérémonie.
Nous sortons de l’église, tout le monde s’embrasse et se parle, nous sommes sonnés mais les cœurs sont chauds.
(…)
---------------
Ce n'est pas le vécu qui se partage mais son récit.
Ici encore, rien d'inventé, rien que du vécu.
Un vécu que je puis partager avec vous maintenant que je l'ai transformé en récit.
Amitiés à vous.
Véronique
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeMar 12 Sep 2006 - 21:03

Chère Véronique merci beaucoup pour la première et deuxième partie de ce témoignage raconté avec autant de brio. En te lisant c’était presque comme si j’y étais. Et comme j’aurais aimé y être pour sympathiser avec toi et avec les trois enfants d’Agnès.

Vaux mieux tard que jamais, Véronique tu as toute ma sympathie.



Richard
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeMar 12 Sep 2006 - 21:37

Au coeur d'une immense tristesse, d'une terrible déchirure, tu as vécu quelque chose de merveilleux...

Tout comme Richard, malgré le retard, je sympathise avec toi et ta famille
.
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MessageSujet: Agnostique, avocat, victime : du grain à moudre.   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeMer 13 Sep 2006 - 17:42

Bonsoir cher Richard et cher Éric,
Du fond du coeur, je vous remercie pour cette sympathie que vous me témoignez, pour ce qui passe dans vos mots.
Vous l'avez compris, ces fractions de récit que je vous livre, transformation d'un vécu solitaire en narration partageable, ce n'est pas tout à fait "innocent" sur un forum croyant où je suis invitée à faire entendre ma voix et surtout mes questions d'une "agnostique chrétienne" qui assume sa "conscience spirituelle".
D'abord le besoin irraisonné et irrépressible de donner des funérailles sacrées à Agnès, incarné dans cette rencontre incroyable avec mon Père Dominique, le "Curé de ma vie"...
Un Curé qui m'a dit près d'un an plus tard, alors qu'il s'était invité à dîner chez moi en voisin et ami, cette phrase drôle et profonde qui est restée gravée dans ma mémoire affective :
- "agnostique, toi ?! agnostique, tu parles !!! des agnostiques comme toi, j'en veux tous les jours dans mon église !"...
Notez bien que c'est lui qui l'a dit...
Puis cette cérémonie sublime, oui, sublime, à l'église Saint-Rémy, un état de grâce qu'aucune personne présente n'a oublié ni n'oubliera, à commencer par Dominique lui-même, ainsi qu'il me l'a écrit.
Maintenant, j'aurais "logiquement" un troisième volet à vous livrer, pour aller jusqu'au terme de cette partie partageable de ce que j'ai vécu.
Partageable avec des croyants, j'entends.
C'est au sens et à la portée du procès du meurtrier que je pense.
Tant d'un point de vue humain et humaniste que d'un point de vue spirituel.
Mais êtes-vous d'accord ?
Car même transformé par le recul et la distance du travail de narration, ce témoignage n'a rien de merveilleux.
Seulement, il pose des questions sur des thèmes me semble-t-il fondamentaux pour des croyants : la haine, la vengeance, le repentir, le pardon.
Ou plus exactement : la stérilité de la haine, l'absurdité de la vengeance, la nécessité du repentir, l'impossibilité du pardon (non demandé).
Si vous m'y autorisez, je vous donnerai ce troisième volet de mon récit.
Si vous m'y autorisez seulement.
Amitiés.
Véronique
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeMer 13 Sep 2006 - 17:55

Véronique, sache que tout se qui pourrait être de nature à faire grandir par l'échange et la réflexion l'humain... sera le bienvenu.
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeMer 13 Sep 2006 - 19:57

Ton témoignage est très enrichissant pour chacun de nous et si tu désires nous partager la suite de ces événements, je crois que nous aurons tous matière à réflexion sur ces questions cruciales.

Merci de ta confiance...

Éric
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MessageSujet: Après l'église, la Cour d'assises.   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeMer 13 Sep 2006 - 21:28

Bonsoir et Amitiés,
Merci, Serviteur et Éric, de me dire que cette autre partie de mon récit est bienvenue.
Quelques mots d'introduction pour que ce récit soit tout à fait lisible.
La déclaration de culpabilité et la condamnation du meurtrier sont désormais définitives (après rejet de son pourvoi en cassation).
Jugé une première fois au mois de septembre 2004 après presque trois années d'instruction, il a fait appel de la décision qui l'avait déclaré coupable et condamné, ainsi qu'il en avait le droit.
Le procès que je partage avec vous (extraits) est le second : le procès d'appel, qui a eu lieu les 29 et 30 novembre 2005.
Le meurtrier avait 19 ans lors du meurtre et il en a 24 aujourd'hui.
Et il porte une singularité : il s'appelle Machin.
Oui, c'est son nom patronymique.
Mais il a aussi un prénom : Marc.
Voici mon récit.
------------------
(…)
"Il y a quelques jours, j’ai fait un rêve qui m’a jetée sur notre cahier. L’action se déroule dans un lieu non identifié mais pouvant être un palais de justice. Je suis l’inventeur et le patron d’un plan conçu pour contraindre Marc Machin à dire la vérité et à demander pardon, un plan très sophistiqué qui mobilise à mes côtés une importante équipe, aucun visage reconnaissable parmi tous ces auxiliaires zélés qui s’affairent mais nous sommes soudés par une énergie martiale, c’est une bataille qui se prépare.
Dans une pièce fermée, est reclus Marc Machin qui ignore pourquoi il est là et dans la pièce d’à côté, tu attends et tu sais pourquoi tu es là.
Le moment crucial est venu : entourée par mon équipe qui forme une légion, j’entre dans la pièce où est reclus Marc Machin et je me place devant lui, un vaste bureau nous sépare. Je lui explique pourquoi nous sommes là et je lui dis que nous ne sortirons pas de cette pièce tant qu’il n’aura pas avoué. Avec un calme docile, il répond qu’il va obtempérer et je lui dis alors: "c’est à Agnès qu’il faut dire la vérité et demander pardon".
Je vais te chercher, je t’amène dans notre prétoire et à ce moment-là, une peur panique me saisit: je prends le risque de confronter ma petite sœur à son meurtrier, et si Marc Machin te tuait une nouvelle fois ? mais l’action est en marche, je ne peux plus reculer.
Avec le même calme docile, Marc Machin te dit qu’il t’a tuée et il te demande pardon. Je le regarde intensément et je découvre alors qu’il a un autre visage, un visage pur et harmonieux qui n'est pas le sien, un visage aimé qui ne peut pas être le sien : fin du rêve.
En arrivant à la Cour d’assises, je suis habitée par mon rêve mais je n’ai pas encore compris son sens. (…).
Derrière le banc des avocats des parties civiles, se trouvent trois bancs réservés aux parties civiles elles-mêmes et je m’installe sur le premier d’entre eux, juste derrière Nathalie, ton avocat.
D’emblée, je cherche le regard de Marc Machin, je le contrains à me voir, à me situer, sinon à me regarder.
Dès le commencement des débats, Marc Machin est effrayant, endurci et reclus dans le personnage de l’étranger qu’il n’a cessé de construire depuis qu’il a rétracté ses aveux et qui est maintenant fossilisé.
La fossilisation du personnage est révélée par la sémiologie de son discours : chacune de ses réponses aux questions se rapportant directement ou indirectement au meurtre contiendra ou sera "en aucun cas", une réponse "mantra" qui annule et remplace la parole et qui interdit à la parole d’exister.
(...)
Le premier jour du procès, la présidente a décidé de montrer aux jurés les photographies prises par les policiers de l’identité judiciaire sur les lieux du meurtre, des photographies en couleur dont elle a ordonné la projection sur deux larges écrans panoramiques : les jurés sauront donc exactement de quoi on parle et en prenant l’horreur en pleine figure, ils comprendront ce que le mot acharnement veut dire.
Avant de faire procéder par le greffier à la projection de l’album, la présidente insiste pour que ta famille quitte la salle d’audience mais je ne peux pas le faire, ces photographies, je ne les connais que sous la forme de photocopies en noir et blanc et en format réduit, rien de commun avec ce que je vais voir, je le sais, mais je "dois" rester. En me voyant immobile sur mon banc, la présidente insiste encore, alors je me lève, je lui dis que si j’estimais devoir sortir, je le ferais, que ma présence ne doit pas censurer son travail et d’un hochement de la tête, elle me dit qu’elle comprend.
Sur les deux écrans défilent les images de ton martyre, ton corps effondré sur les marches dans un bain de sang puis, en gros plan, ton visage du Christ sur la Croix, oui, le Père Dominique avait raison, je me rappelle sa réponse limpide à ma question brutale et provocante :
- "quelle différence voyez-vous entre ce visage et celui du Christ sur la Croix ?" ;
- "aucune, il ne lui manque que les épines".
Je me connais un peu, je sais pourquoi je suis capable de contempler ces images insoutenables sans détourner le regard, sans gémir, sans hurler, sans m’écrouler, et je sais que je devais te voir ainsi, comme je devais te voir à l’Institut Médico-Légal, là est le sens inimaginable de ce procès d’appel, inscrire en moi sans le moindre filtre édulcorant ou réducteur la vérité de ta mort atroce, ce que tu as vécu, je dois le voir.
Suspension d’audience, nous nous retrouvons tous dans la cour et je suis la seule à ne pas prendre mon manteau alors qu’il fait très froid.
Je ne suis pas comme toi, petite sœur, je ne suis pas du tout frileuse mais il fait vraiment très froid et on s’en inquiète gentiment autour de moi. Incapable d’exprimer le tumulte de mes émotions et la rage guerrière qui gronde en moi depuis que Marc Machin est dans l’axe de mon regard, je réponds en riant qu’un peu de congélation ne saurait me faire de mal puisque je suis fiévreuse, je ne dis pas que ce sont les flammes de l’enfer qui crépitent en moi.
Le médecin-légiste vient à la barre.
Comme l'année dernière, il confirme que tu t’es défendue mais que tu n’as pas lutté, ce qui explique l’absence de traces biologiques qui auraient pu confondre Marc Machin, il confirme ta chute en avant dans l’escalier, il confirme que la plaie pulmonaire saigne à l’intérieur avant l’épanchement hémorragique, il confirme que tu aurais pu être sauvée si l’on t’avait porté secours dans les quinze ou vingt minutes ayant suivi le coup mortel, il précise que le coup mortel a été administré avec une extrême violence car la lame du couteau a sectionné trois côtes en Y et il donne l’heure de ta mort : les sapeurs-pompiers sont intervenus à 10 heures 49 et ont alors constaté un début de rigidité cadavérique, il explique que la rigidité cadavérique commence à la troisième heure avec une marge variable de dix minutes, tu es donc morte entre 7 heures 49 et peut-être un peu plus de 8 heures, il confirme qu’entre le coup mortel et la mort, se sont écoulées entre quinze et trente minutes tout au plus et qu’avant de perdre connaissance, tu as pu te retourner et tenter de remonter les marches.
Puis, sans y être invité, il ajoute : "à côté des lésions parcheminées compatibles avec une chute en avant dans l’escalier, il y a des lésions parcheminées tout à fait compatibles avec une reptation de la victime sur le ventre, elle a certainement essayé de remonter les marches à plat ventre et en remontant, elle s’est vidée".
L’année dernière, les explications du médecin légiste m’avaient donné cette vision atroce de ma petite sœur rampant vers un inaccessible secours et cette année, il prononce spontanément le mot reptation, il verbalise ce que j’ai imaginé.
Je reste impassible et muette, je reçois le coup de poing de ce mot sans mot dire et je prends des notes, tu sais, je suis venue ici avec notre cahier, mon intime défense contre l’insoutenable, c’est prendre des notes.
Mais la violence d’un mot qui transforme l’imaginaire en réel est indicible, je sais donc désormais tout de ton supplice, je n’ai plus rien à imaginer, je sais, tout savoir est infernal et pourtant salvateur car ne pas tout savoir m’a torturée. (…).
Depuis le commencement des débats, Marc Machin et moi sommes face à face, je ne le lâche pas et peu à peu, mon rêve s’incarne.
Non, je n’aurai pas le pouvoir de le faire avouer mais nous ne sommes que deux dans cette salle d’audience et je sais qu’il le sait. Aucune de ses prises de parole ne se termine sans qu’il revienne se confronter à mon regard, aucune intervention des acteurs du procès, témoins, experts, avocats des parties civiles, avocat général ou avocat de la défense, ne s’achève sans qu’il revienne se confronter à mon regard.
Mon rêve ne se réalisera pas mais là est son véritable sens, je suis venue à ce procès pour livrer une bataille muette contre ton meurtrier et dans cette bataille, il ne peut rien contre la force farouche et implacable de mon regard qui lui dit : "je sais que tu l’as tuée, je n’ai pas peur de te regarder".
Notre face-à-face est un duel, mon coeur cogne, je l’entends déchirer ma poitrine comme un glas déchire le silence mais je ne craquerai pas, la tension qui fait de moi une masse de pierre a une seule raison d’être : Marc Machin ne reconnaîtra pas qu’il t’a tuée, je l’ai compris, c’est ce que m’a dit mon rêve en me montrant un beau visage autre que le sien, mais Marc Machin ne sera pas acquitté, il ne le sera pas.
Seule face à Marc Machin dans la transposition réelle et vécue de mon rêve, je m’abstrais de tout ce qui pourrait briser ou altérer notre confrontation. Alors que je sens sur moi la puissance et la ferveur du soutien de tous mes amis, je m’interdis de la regarder et d’aller y puiser la chaleur et la tendresse dont j’ai besoin, je vois les sourires, les regards, l’émotion, j’absorbe hâtivement une dose d’amour et je reviens aussitôt vers Marc Machin, ce procès d’appel est une histoire entre lui et moi, là est son sens symbolique, aujourd’hui, c’est toi qu’il doit voir dans mon regard et je suis sûre qu’il te voit, aujourd’hui, notre ressemblance lui saute aux yeux, il ne peut pas en être autrement.
Comme l’année dernière,on me donne la parole.
Il me semble que je me lève de mon banc avant même d’y avoir été invitée, je n’ai nullement réfléchi à ce que je vais dire mais je suis mue par la vitale urgence de parler pour toi.
Sans le regarder, j’achève mes mots en disant à Marc Machin que s’il est ton meurtrier comme je le crois - je parviens à m’interdire de dire comme je le sais -, il te tue une nouvelle fois en ne nous donnant pas la vérité.
Quand je m’entends articuler ces mots que je n’ai pas préparés, le sens de mon rêve explose.
(...)
Maintenant, c'est Nathalie qui parle.
Splendide l’année dernière, elle est sublime cette fois, sa plaidoirie a une intensité et un éclat d’autant plus sensibles qu’elle conserve sa parfaite maîtrise.
Et pendant que ton avocat parle, Marc Machin me regarde fixement.
En faisant appel, Marc Machin a symboliquement fait de moi ton avocat, il m’a donné le rôle que je n’avais pas le droit de jouer mais qui brûlait en moi, il m’a permis de sortir de mes gonds de partie civile sage et masquée, il m’a fait sortir de l’ombre et du silence, il a provoqué le duel dont j’ai rêvé : c’est le sens réparateur du procès d’appel.
Dans le regard qu’il me lance quand Nathalie se tait, je lis que j’ai été ton avocat, Agnès, ainsi que tu le voulais et ainsi que je le voulais, ainsi que le voulait notre histoire : "tout est juste et parfait ".
(…).
Mercredi 30 novembre 2005, à 22 heures 30, le verdict tombe.
Marc Machin est à nouveau déclaré coupable, il est condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle avec une peine incompressible des deux tiers, douze années pendant lesquelles il sera "mis hors d’état de nuire" ainsi que l’a vigoureusement réclamé Madame l’avocat général dans son réquisitoire. Cette peine incompressible n’avait pas été fixée par la première Cour d’assises : en faisant appel, Marc Machin a aggravé sa punition, il a lui-même énoncé le sens implicite de ce procès d’appel.
(...)
Incapable de devenir coupable, incapable de parcourir le chemin allant de la culpabilité à la responsabilité pour comprendre qu’il n’est pas tout entier dans son crime ni ne se réduit à lui et qu’il peut s’en séparer, Marc Machin s’est voué à un enfermement immuable, l’incarcération incompressible est un équivalent judiciaire de la camisole de ses dénégations.
Marc Machin a fait peur aux jurés alors que seuls de vrais aveux pouvaient le faire revenir dans la communauté des humains : NOUS NE DEMANDIONS QUE CELA.
À l’énoncé du verdict, je l’observe, sa réaction fait peur, mélange de mépris et de haine pour les acteurs du procès qui l’ont fait tomber, rejet violent mal contenu de la sentence qui quantifie le prix de ses dénégations, il est effrayant dans ce clivage entre la part de lui-même qui se sait coupable d’un acte horrible et celle qui n’a que le refoulement et le déni pour s’y déclarer étranger.
(...)
Après ce verdict, trois hypothèses.
L’hypothèse dangereuse mais réaliste : quand il sera libéré, Marc Machin fera d’autres victimes parce que ses dénégations fossilisées le vouent inexorablement à la récidive.
L’hypothèse inhumaine mais vraisemblable : Marc Machin se suicidera dans sa cellule parce que le spectre de ton corps massacré le hantera au point de lui interdire de vivre.
L’hypothèse optimiste mais mystique : Marc Machin se libérera du fardeau de son crime, il le confessera à un psy, un aumônier ou je ne sais quel "travailleur social" officiant dans le microcosme qu’est une prison et alors, un miracle s’accomplira, Marc Machin rejoindra la communauté humaine qu’il a aujourd’hui quittée.
En y réfléchissant, je me dis que le suicide ou le repentir sont les deux hypothèses les moins négligeables.
Car aujourd’hui, Marc Machin est seul face à son acte et dans cette solitude, il n’a que la mort ou les vrais aveux pour échapper à l’enfer sur terre auquel tu le condamnes s’il n’est pas capable de dire :
"c’est moi qui l’ai fait, je ne sais pas pourquoi je l’ai fait, je ne voulais pas le faire et je demande pardon".
Il sait qu'il n'y a pas de haine en nous, il sait que nous ne réclamons pas vengeance, par deux fois il l'a entendu dire haut et fort dans le prétoire d'une Cour d'assises.
Je ne veux ni sa mort ni son enfer.
Seulement entendre ces mots : "c’est moi qui l’ai fait, je ne sais pas pourquoi je l’ai fait, je ne voulais pas le faire et je demande pardon".
Non pas pour que je puisse lui pardonner parce que, oui, le pardon est inhumain, et parce que ce n'est pas à moi de pardonner.
Mais pour que je songe que ces mots te feront du bien, là où tu es.
Pour que mon propre enfer sur terre soit un peu moins infernal.
Ces mots, il faudrait un miracle pour qu'il les prononce.
L'avenir dure longtemps.
---------------------------
Merci de m'avoir lue.
Amitiés.
Véronique
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeMer 13 Sep 2006 - 23:35

Quelle sagesse, quelle force il y a en toi Véronique !

L'Amour avec un grand A, je le vois en toi.

D'autres, pourront mieux que moi, faire ressortir toute la beauté de ton être.

Amitiés fraternelles
Richard
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeJeu 14 Sep 2006 - 16:26

Véronique, tu connais mon sentiment.
Je te l'ai dit souvent, ailleurs, en d'autres occasions.
Je ne peux que souscrire à la "reconnaissance" de Richard.
Je vois l'Amour avec un grand A, la force, la farouche volonté de vivre, et l'espérance qui respire à pleins poumons dans ta façon de nous parler d'Agnès, de lui parler, de la croire vivante.
Agnès ne savait peut-être pas, avant qu'on ne lui vole sa vie, ce qu'elle découvre de toi aujourd'hui.
Ce qu'elle a découvert depuis ton long combat contre toutes les morsures de la douleur et de la peine.
Nous qui te lisons, nous sommes émerveillés, émus jusqu'aux larmes, ou recueillis dans le silence...
Alors imagine ton Agnès chérie, là où elle est...
Imagine combien son "coeur" déborde de tendresse pour toi.
Que ce velours d'amour, pur, infini, saisissant, se mêle à ton courage pour continuer la vie sans elle, pour aimer la vie, surtout.
Car la vie est belle.
Si belle, malgré tout.
Agnès est sûrement d'accord.

Mireille
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeVen 15 Sep 2006 - 8:41

Admirable cette lecture des événements que tu arrives à faire avec le recul!
Cette culpabilité inavouable qui entraîne sur des chemins qui ne sont plus humains...
Mais, plus admirable encore: ton témoignage et cette paix qui s'en dégage. Je ne crois pas me tromper en disant que tu es en paix maintenant. Quel cadeau après tout ces événements!

Encore une fois merci de ta confiance et merci de nous avoir partagé ce récit.

Éric
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeVen 15 Sep 2006 - 18:22

Bonsoir,
D'abord l'émotion du partage authentique me rend muette.
Mais je ne veux pas rester muette parce que vos mots sont tellement forts que rester muette, ce serait à mes yeux une offense au partage.
Cher Richard-Serviteur, je retiendrai seulement cet Amour avec un grand "A" que tu vois en moi, parce que tu l'as compris, pour moi, l'Amour ne devrait pas se décliner avec une majuscule ou une minuscule, selon les cas.
Mon "credo" en l'Amour, c'est que le vrai Amour est forcément majuscule, parce que l'autre, ce n'est pas de l'Amour, précisément.
L'autre, c'est un leurre, une illusion, une supercherie seulement.
L'Amour ne nie pas les faiblesses, les fragilités, les pannes de coeur, les défaillances de l'intelligence, mais il les surmonte.
L'Amour campe sur la Liberté, la Tolérance, le Respect, la Confiance, l'Audace, l'Indifférence aux préjugés étriqués et aux conventions frileuses, l'Optimisme, le Goût des Autres et de la Vie, la Compassion et... l'Humour.
Pour être digne, après l'horreur, de l'Amour qui vivait en Agnès et de celui qui nous unissait, je n'avais pas d'autre choix que l'Amour.
Ma "chance", c'est que je ne me suis jamais posé la question.
Et chaque instant de ma vie vécu depuis lors m'a démontré, s'il le fallait, que la question n'était pas posée.
Mireille, j'aimerais bien savoir ce que Agnès a découvert...
Je ne le sais pas mais depuis bientôt cinq ans, je "crois" qu'elle est d'accord avec moi, qu'elle est contente de la manière dont j'ai poursuivi l'écriture de notre histoire, qu'elle est "fière" de nous, elle qui aimait cette douce fierté que nous faisait souvent éprouver notre histoire d'Amour de soeurs jumelles par le coeur.
Ami Éric, tu penses que je suis en paix.
Tu ne te trompes pas si tu évoques mon regard sur le meurtrier.
Pour dire vrai, je dirai que je n'ai jamais, pas une seule seconde, éprouvé de la haine à l'encontre du meurtrier, ni quand j'ignorais qui il était, ni quand j'ai su qui il était.
Et cela, je ne me l'expliquerai jamais parce que, paraît-il, c'est passablement inexplicable : le "psy" qui a pris en charge mes séquelles physiques et psychologiques du traumatisme, quelques jours après le meurtre puis aux moments cruciaux qui l'ont suivi (après le procès d'appel en dernier lieu), m'a dit, en substance, que les capacités de sublimation d'un être humain étaient pour un "psy" à peu près aussi insondables que le mystère de la foi...
Mais pour dire vrai, je dois te dire que je ne suis pas en paix avec la mort horrible et "incompréhensible" d'Agnès.
Ni avec la douleur brûlante qu'elle a inscrite en moi.
Ni avec cette obsession : POURQUOI ?
Pourquoi elle ?
Pourquoi cette solitude absolue devant une mort atroce et hideuse ?
Elle était adorable, elle faisait des choses magnifiques dans son travail, elle se dévouait à des causes humaines, elle aimait un homme, elle élevait ses enfants et... elle était ma soeur chérie.
Ce jour-là, elle a croisé le chemin d'un psychopathe allumé par l'alcool et le cannabis et elle a été SEULE dans l'horreur.
Et je sais (c'est aussi le sens de ce récit que j'ai partagé avec vous) qu'elle a eu juste le temps d'être terrorisée et de souffrir.
Alors, je le dis : avec cela, je ne suis pas en paix.
Et je ne sais pas si, un jour, je serai en paix avec cela.
Pourtant, j'espère accéder à cette paix parce que je ne suis pas du tout masochiste.
Parce que je voudrais avoir une autre vision de cette monstruosité.
On revient à Dieu.
Car parler d'Agnès ici, avec des croyants, n'aurait aucun sens à mes yeux si on ne revenait pas à Dieu.
Je ne vous parle pas d'Agnès pour déverser sur vous le seau de mes larmes et des mes tourments, je pense que vous l'avez bien compris.
Selon vous, croyants, il y a un sens à ce martyre (qui n'est qu'un martyre parmi d'autres, je le sais) ?
Un sens admissible ?
Cette question est terriblement "agnostique"...
Recevez toute mon amitié.
Véronique
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeVen 15 Sep 2006 - 18:27

Et si ça ne devait pas avoir de sens?
Être tout simplement inacceptable?
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MessageSujet: Pas de sens...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeVen 15 Sep 2006 - 18:40

Cher Éric,
Merci beaucoup pour ta réponse.
Elle me convient, façon de parler.
Elle me rassure aussi.
Pour le lien qu'elle établit entre deux regards différents.
Amitiés.
Véronique
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeSam 16 Sep 2006 - 12:09

Chère Véronique,
L'irruption de l'horreur dans ta vie, par la mort d'Agnès, et la rencontre éblouissante de ce Père Dominique m'ont suggéré quelques propos en vrac, que je te partage ici.
C'est un peu long, mais il est des cris que l'on ne peut pousser en un seul soupir.

D'abord, je crois très fort que Dieu ne nous "envoie" aucune épreuve, aucune douleur, aucun sale coup ! JAMAIS. Sinon, il n'est pas Dieu.

Les épreuves arrivent, comme le jour, comme la nuit, comme les coups d'amour.
Elles sont nos contingences, nos circonstances, notre épaisseur d'humanité.
Elles habitent avec nous, parfois au même étage, parfois sur le seuil, attendant l'heure de nous griffer le coeur, de nous déchirer la vie, de nous ronger la paix...
Elles ne sont pas préméditées, ni prédestinées...
Elles suivent le cours, dévalent la pente, et fracassent la porte quand on les attend le moins.
Parfois quand on est prévenu.
Et là c'est encore plus dur !
Parce que la douleur est avant, pendant, après...

Et Dieu dans tout ça ?
Il est impuissant. Suprêmement impuissant.
Il a lancé la création - Dieu sait comment !... eh! oui, inévitablement - et rien ne lui appartient plus désormais. Il a tout mis dans sa confiance en nous. Tout remis entre nos mains. Avec, en prime, une absolue liberté. Il ne peut plus rien faire... sans nous !

On entend quelquefois ces terribles sentences : "Dieu nous punit"... "Dieu nous met à l'épreuve, pour tester notre fidélité, notre obéissance"... "Dieu choisit de donner sa grâce, de donner la douleur, de donner la foi... aux candidats de son choix, selon sa mesure, selon ses humeurs"...
Blasphème !

Dieu nous aime. Celui auquel je crois ne sait faire que cela.
Alors, il pleure dans nos larmes, il hurle dans nos douleurs, il s'insurge dans nos colères, il gémit dans nos plaintes, il se défigure dans nos sanglots...
Et puis surtout, il demeure, dans le fond de notre coeur, présence invisible et discrète, d'une infinie douceur, d'une insondable tendresse. Et nous dit : Je suis là, je connais ta douleur, je la sens, je la porte, je tremble avec toi. J'ai mal dans ton mal. Je ne te laisserai pas. Jamais.

Et puis, il cherche...
Car oui, Dieu travaille, incessamment, sans relâche.
Il travaille dans le fond de notre coeur. Et il cherche...
Que cherche-t-il ?
Un autre coeur, une autre main, croisée sur le chemin, une force neuve, un amour nouveau.
Lové dans ton regard, il cherche quelqu'un, dans toutes tes rencontres.
Et soudain, il a trouvé.
Il t'arrête. Il stoppe ta course. Tes larmes. Ton chagrin.
Il te dit : Regarde. Ouvre les yeux. Respire. Prends...
Et là tu trouves - il l'avait trouvé en premier, pour toi - celui dont tu auras besoin pour croire encore à la vie, pour redresser la tête, pour sortir de la boue. Celui dont la tendresse et l'écoute attentive te donneront la paix, la confiance, et la joie. Celui qui, du malheur, fera surgir un germe d'espérance qui pourra soulever la terre de tes obscurités.

Ainsi est Dieu, artisan de nos rencontres, avec notre consentement, à travers nos regards, soumis à notre liberté. Offrant. Offrant toujours. Et acceptant - c'est là qu'il souffre davantage - que nous lui disions NON ! Je ne veux pas. Je ne veux plus. Je n'ai plus confiance. La vie n'a plus de sens. Je veux fermer les yeux. Pour toujours. Et ne plus te laisser voir à travers mon regard.

Et là, Dieu meurt de douleur dans notre mort. Il nous accompagne encore, dans cet ultime chemin, dans cet ultime choix. Dans ce sursaut de liberté qui nous plonge dans la nuit. Dans la nuit des autres surtout.
Dans le suicide de l'amour. Quand l'amour s'arrache définitivement.
Et après... en terre de lumière, dans cet ailleurs qui nous ignore, nous les vivants de la vieille terre,
Dieu est encore là. Il nous a précédés. Il nous attend. Il nous tend les bras, nous accueille, nous berce, nous redonne un visage, tout baigné de lumière, et prononce notre nom, un nom définitif, éternel, un nom qui chante avec la vie, un nom unique.

Telle est ma foi en la souffrance de Dieu, en l'espérance de Dieu, en la vie de Dieu, qui ressuscite nos vies.

Mireille
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeSam 16 Sep 2006 - 13:02

Chère Mireille,
Merci pour cette magnifique "déclaration d'amour" à Dieu.
Tu le sais, si j'étais croyante, le Dieu auquel je croirais serait exactement semblable à celui dont tu parles.
Je ne le tiendrais pas pour responsable des tragédies innombrables, collectives ou individuelles, qui ensanglantent et martyrisent l'humanité, non je ne le considérerais pas comme le metteur en scène ou le chef d'orchestre du malheur.
Mais je ne supporterais pas non plus l'idée qu'il soit un spectateur satisfait de la représentation.
Ni qu'il y trouve son compte.
Le sang et les larmes sont un scandale qui ne peut pas "plaire" à Dieu si on prétend que Dieu est Amour.
Un jour, j'ai lu sous la plume d'un croyant : "la Croix reste un scandale".
Oui.
À quoi il faut ajouter : toutes les Croix sont des scandales.
Tous les supplices dont l'histoire de l'humanité est pleine, sans exception ni réserve.
À ce propos, je voudrais signaler à qui peut regarder la chaîne France 5 que lundi 18 septembre, à 21 heures 35, sera projeté un documentaire intitulé "Paroles d'étoiles".
Y témoignent des "enfants perdus" devenus septuagénaires.
Des enfants juifs qui ont miraculeusement échappé aux grandes rafles ayant conduit leurs parents dans les camps de la mort.
Des enfants rescapés de la barbarie nazie.
"À voir ces adultes pleurer en évoquant de si cruels souvenirs d'enfance, on comprend que leur souffrance est restée intacte, soixante ans après".
Cela se passait en France occupée, entre 1942 et 1944.
Avec, honte inexpiable, le concours actif d'une police française zélée à la botte de l'occupant barbare.
Si Dieu existe, il pleure aussi.
Amitiés.
Véronique
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeDim 17 Sep 2006 - 1:53

Francine a écrit:
Si Dieu existe, il pleure aussi.
On ne peut rien te cacher (Fran) Véronique Wink C'est femmes et hommes qui ont pleurés... et qui pleurent encore aujourd'hui... et bien c'est Dieu qui pleure, et quand tu es heureuse, et lorsque tu rends des gens heureux, c'est encore Dieu qui est heureux !

Oui vraiment, Mireille a bien présenté le Dieu en qui je crois. Il est "visibles" par et en chacun de nous, en riant ou en pleurant... je dirais qu'il est "compassion" tout comme il est "amour"

Amités, Richard


Dernière édition par le Dim 17 Sep 2006 - 10:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Suite : une agnostique à l'église...   Suite : une agnostique à l'église... Icon_minitimeDim 17 Sep 2006 - 8:21

Cher Richard,
On ne peut rien me cacher, chic !
Mais il y a un hic !
Je m'appelle Véronique !
Amitiés.
Véro

Je m'excuse Véronique, il était très tard lorsque j'ai écris mon message, mais ,malheureusement c'est l'une de mes faiblesses (en raison de l'âge, peut-être) scratch de re-baptiser les gens. Tu te rappels j'avais fait la même gaffe avec Mireille sur un autre forum? lol!
Amitiés, Richard

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