Triste vision

Je publie ce texte en réaction à un autre sur le forum qui relatait l’histoire d’un saint. Histoire qui, comme celle de bien d’autre de nos saints, me rend peu fier de notre parcours.

L’histoire de notre église n’a rien de réjouissant quand je lis ces récits de vie. Elle n’invite en rien à choisir le Royaume de Dieu. Personne ne veut d’une vie de souffrance! Je suis fâché de lire et d’entendre tous ces témoignages d’une autre époque comme si la vie en Dieu n’était que rabaissements et mortifications. Comme si nous étions de si mauvaises créatures que nous ne valions rien de mieux que d’être battus, frappés, lacérés, torturés, brisés! Comme s’il n’y avait qu’une seule manière de nous faire comprendre : à coups de pied dans le cul! Y’a rien d’humain là-dedans et surtout pas de Dieu! Qu’on ne vienne pas me faire avaler ça, sinon je serai le premier à partir en croisade contre notre église.

Dans tous ces discours religieux, il est vertueux de poser des gestes que l’on reproche aux dictateurs, aux tortionnaires, aux gens qui tiennent prisonnier les individus de Guantanamo, au gouvernement du Myanmar, aux groupes extrémistes et beaucoup d’autres. Comment pouvons nous encore dire et approuver de telles choses? Même François et Claire, de leur vivant, commençaient à remettre en question ces pratiques violentes et peu charitable envers soi-même. L’évangile, le Christ, nous parle d’amour. Nous ne retenons que ces gestes qui viennent d’une autre époque et qui ne sont pas sur le chemin de la vérité et de la vie…

Le Christ n’a pas souffert de par lui-même. Il a souffert parce que c’était la réponse violente d’un peuple face à quelqu’un qui dérange, qui met en péril le pouvoir en place. Jésus n’a jamais porté la cilice! Jésus ne s’est jamais frappé! Jésus n’a jamais enseigné ou recommandé ce genre de comportements. Il est mort sur la croix parce que, justement, il n’était pas de cette pensée là! Les seules souffrances dont il a dit que nous serions victimes sont celles que nous aurions à voir vivre les gens de façon inconsciente, coupé de Dieu, ou encore, la souffrance que nous subirions d’être rejeté par notre manière de vivre. Jamais il n’a été question de nous taper dessus! Et encore moins, comme le fond plusieurs de nos jours : se taper dessus à coup de culpabilité, de dénigrement personnel, de haine pour soi-même. Jésus nous invite au pardon pour progresser vers meilleur, pas à se rouler dans la noirceur!

Tous ces modèles que l’on relèvent de leur cendres me rendent triste et amer quand j’entends notre église se vanter de leurs prouesses. L’édification de ces saints ou saintes, ne vient pas de leur capacité à s’auto-torturer mais, de l’amour qu’ils ont eu pour les autres. Il leur manquait encore de s’aimer de la même manière…

« Aime ton prochain, comme toi-même. »

Éric Laliberté

Salut Éric et vous lecteur...

Je comprends ton indignation Éric et il ne doit plus y avoir beaucoup de personnes vivant en 2008 qui ferai de telle chose pour "gagner son paradis".

Je crois qu'il nous faut voir ce genre de mortification dans le contexte de années 1530 pré-Jeansénisme 1640 soit une période très noir a mon sens .

Avec Vatican II l'accent est sur le Dieu miséricorde et l'enseignement du Dieu AMOUR

C'est du moins ce que j'en pense lol!

C'était plus répandu que ça et la période plus longue. François portait la cilice...
Mais, ce n'est pas important l'époque et la durée. Ce qui me dérange le plus, c'est que nous mettions encore de l'avant ces comportements lorsqu'on parle des saints. Ils ont fait tellement plus que de se fouetter ou marcher dans les ronces parce qu'ils se croyaient indignes de l'amour de Dieu. Leur ferveur était dans la prière, dans leur présence à l'autre, dans l'amour qu'ils portaient. C'est ce qui en a fait des saints ou des saintes.

Quand tu dis qu'aujourd'hui, il ne doit plus y avoir beaucoup de gens qui vivent leur foi de cette manière. Tu as raison. Rare sont ceux qui doivent se livrer à ce genre de pratique. Par contre, nombreux sont ceux qui vivent continuellement avec le reproche en tête, la culpabilité, le sentiment d'être mauvais devant Dieu. Ces blessures qu'ils s'infligent sont bien plus cruelles que les marques de la cilice... C'est ce comportement que je ne m'explique pas. Ce n’est pas dans l’esprit de l’évangile!

Nous devrions avoir plus de témoignages de gens épanouis par leur foi en Dieu. Des gens qui vivent leur foi dans un bonheur sain (ou saint), épanouissant. Je veux voir et entendre que la rencontre avec Dieu provoque quelque chose de bon et de beau. Pas qu'elle met en évidence la décrépitude humaine face à la splendeur de Dieu! Elle n'est pas là la foi de Jésus-Christ! Elle est dans le "Va, tes péchés te sont pardonnés." Elle est dans cet élan, dans cet envoi qui relève, redresse, redonne dignité; qui nous dit :"Reprend la route, Dieu t'aime.

Je ne veux pas entendre le cri de l'indignation chrétienne face la misère. Je veux entendre ses cris de victoires. Je veux entendre sa réponse au manque d'amour, sa solution à l'absence de compassion. Je veux entendre la solidarité qu'elle engendre. Je veux entendre qu’elle a accueillit, bercé, consolé, construit, réjouit… L'histoire chrétienne est certainement très riche de toutes ces histoires. Si on prenait le temps de se les raconter?

Je suis d'accord avec toi Éric
Richard

Tu as raison Éric.

Hélas, bien des mouvements "à la mode" encouragent ce genre de pratique. Pas nécessairement en se flagéleant.. mais en jeûnant et en résitant rosaire sur rosaire pour ne citer que cela.