Éric modérateur
Nombre de messages : 114 Age : 57 Loisir : Écrire, lire, vélo et voyage intérêt : Tout, sauf les chars pis le baseball! :) Date d'inscription : 11/08/2006
| Sujet: Choisir le bonheur Ven 18 Avr 2008 - 19:20 | |
| En écrivant un texte sur Compostelle, j’ai lancé cette affirmation qui a soulevé quelques réactions : « S'empêcher d'être heureux, ne rend pas les autres plus heureux. » Ce qui eu pour effet de me relancer moi-même en m’incitant à approfondir la réflexion. J’ai maintenant envie de vous la partager.
S’empêcher d’être heureux, ne rend pas les autres plus heureux. J’entends par là que trop souvent on ne choisi pas notre bonheur. On fait beaucoup de choses sous le signe vertueux de l’abnégation. Bien entendu, parfois, celle-ci est justifiée : aider un ami en difficulté, prendre soin d’une personne malade, soutenir une personne en détresse… L’abnégation peut même être le sens d’une vie. Là où elle me pose question, c’est lorsqu’elle est inculquée par la culture ambiante d’une manière insidieuse nous empêchant d'être, de vivre selon l'élan qui nous habite, ne reflétant plus une mission de vie. Lorsqu’elle demande de mettre sous veilleuse notre essence pour servir le bonheur d'un autre, j’hésite, je freine. L’abnégation, c’est de renoncer à soi-même dans un élan d’amour. Pour y parvenir, Jésus l’énonçait de cette façon : « Aime ton prochain, comme toi-même. » Malheureusement, nous n’avons retenu que le « Aime ton prochain. » Alors que la véritable abnégation demande de s’aimer suffisamment pour s’offrir aussi largement.
Nous sommes les seuls responsables de notre bonheur. Il n'y a que nous pour le construire. Le bonheur de l'autre, je n'en suis pas responsable. Si notre bonheur est fait de dépendances, il faut se questionner. Car, pour avancer sur la voie du bonheur, nous devons accepter le fait qu’il ne plaira pas à tous. On ne peut servir deux causes. Je ne peux pas arrêter de boire et continuer d’accepter les verres que l’on me tend sous prétexte de ne pas blesser la personne qui me les offre. Plusieurs situations peuvent illustrer ce propos : On vous propose un emploi qui correspond parfaitement à vos talents et vos aspirations dans une région éloignée de la vôtre. Refuserez-vous le poste pour ne pas blesser les gens de votre entourage qui souffriront de votre départ? Si votre vie vous amène à relever des défis sportifs, vous devrez refuser plusieurs invitations pour ne pas nuire à votre entraînement. Même si ça en dérange plus d'un! Combien, étant jeunes, ont renoncé à faire des études dans un domaine parce que ce n’était pas ce que la famille attendait d’eux? Poursuivre notre bonheur, c’est vivre selon ce souffle qui nous presse. C'est entendre et répondre à l'appel que Dieu nous lance. La religieuse, qui choisit d'être cloîtrée, poursuit son bonheur tout en renonçant à satisfaire le bonheur de certains qui comptaient sur sa présence parmi eux. François d'Assise a choisi son bonheur plutôt que de poursuivre celui de son père qui désirait le voir reprendre la boutique. Choisir notre bonheur peut, parfois, blesser…
Notre notion de bonheur est faussée. Elle est fondée sur des dépendances à l'égard d'autrui. Se renier pour correspondre au bonheur de l'autre ne le rendra pas plus heureux mais, me rendra malheureux à coup sûr. Imaginez François, s'il avait choisi de reprendre la boutique de son père pour lui faire plaisir… Ne reconnaissez-vous pas certains de vos choix de vie? On pourrait même se rappeler l’instant précis de ces événements. L’instant où on a fermé la porte sur ce que Dieu nous présentait. Pour plaire, pour satisfaire, pour ne pas sentir le poids du regard de ceux qui nous préféraient ailleurs. Par solitude, par culpabilité, nous avons renoncé à notre bonheur pour être accepté. Nous avons même renoncé à l’entendre. Pire, tout le monde finit par se comporter ainsi, croyant cette manière d’être normale. C’est pourquoi, accepter de me renier peut donner à l’autre l’impression éphémère d’être plus heureux en répondant à son insatisfaction. À long terme, par contre, il risque fort d’être encore insatisfait. Son bonheur ne venant pas de l'intérieur, il sera à le quémander sans cesse. L'extérieur se devant toujours de le rendre heureux, nous serons deux malheureux insatisfaits de leur sort, essayant de correspondre aux désirs l’un de l’autre. Nous ne pouvons accepter ces rôles. Chacun est responsable de son propre bonheur. Être heureux implique donc de lâcher prise sur les rôles que nous tenons dans la vie des autres. Nous n’avons pas à les assumer. Être heureux implique également d'être attentif à notre chemin. Mon chemin n'est pas le tien. Il peut croiser le tien, le longer, mais ne sera jamais le tien. Nous faisons des choix et notre bonheur passe par ce choisir. Un choisir où Jésus nous invite à accueillir la vie en abondance.
Certains diront peut-être que tout ceci est très égoïste, qu’on doit faire des concessions, qu’on ne peut pas toujours penser qu’à soi. Et ils ont raison. Faire des concessions, tenir compte des objectifs de l’autre, pour bâtir une vie à deux, parce qu’on a des enfants, parce qu’on a un projet de communauté, tout cela fait parti du bonheur que nous avons choisi de construire avec d'autres. Ils font parti du projet "bonheur". Choisir son projet de vie n’est donc pas de l’égoïsme, c’est être attentif à soi pour mieux s’offrir. On ne peut pas qualifier d’égoïste celui qui sait faire ses choix. L’égoïsme, c’est exiger d’une personne qu’elle renonce à elle-même pour combler le manque de sens dans ma vie. C’est manipuler les choix de l’autre, l’empêcher d’être heureux, parce que je suis incapable d’assumer mon bonheur par moi-même. Mon épouse ne m’empêchera jamais de poursuivre mes projets peu importe ce qu’ils sont. De mon côté, j’attendrai le moment favorable pour réaliser ce qui m’interpelle, afin que nous puissions le vivre de la manière que nous avons choisi de vivre nos vies, c’est-à-dire : ensemble! Notre vie à deux deviendra alors le plaisir d’amalgamer nos bonheurs, de jouer de nos talents, pour en tirer un plus grand bonheur.
Il nous faut donc réapprendre à choisir le bonheur. Car c’est à travers ce choix, en apparence égoïste, que nous pourrons nous réaliser pleinement et la pleine réalisation de tous et chacun est un cadeau offert à l’humanité. C’est ce que nous dit la parabole des talents. Choisir son bonheur, c’est faire ce qui doit être fait parce que Dieu le place avec insistance entre nos mains. Ne pas écouter cette voix — par peur, par culpabilité envers les autres — c’est se renier, c’est choisir de mourir. Et notre Dieu, n’est-il pas le Dieu des vivants? Que répondrons-nous quand Il nous demandera : « Qu’as-tu fait de tes talents? »…
Nous manquons tristement de confiance, de confiance envers nous et de confiance envers Dieu. La peur nous ligote et nous empêche de passer à l’action. Jésus nous dit si souvent d’être sans peur et sans crainte. La foi ne relève-t-elle pas de cette confiance? Dieu nous invite à ce qu’il y a de meilleur en nous, à l’aimer et à l’apprécier. N’ayons pas peur de répondre à cet appel, il est là notre bonheur : reconnaître la part divine en soi, le temple de Dieu, la choisir et l'exprimer!
Éric Laliberté
Dernière édition par Éric le Sam 19 Avr 2008 - 9:53, édité 1 fois | |
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Serviteur des serviteurs
Nombre de messages : 478 Age : 73 Loisir : marche, lecture intérêt : spiritualité, dével. social, animation, et autre Date d'inscription : 14/07/2006
| Sujet: Re: Choisir le bonheur Sam 19 Avr 2008 - 9:36 | |
| Salut Éric, A première vue , j'aime beaucoup ta réflexion et que l'on pourrait également donner comme titre "Pour connaître ma vocation" Merci Éric, Richard | |
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