Octobre — Voici l’homme!

Sujet: Octobre — Voici l’homme! Sam 30 Sep 2006 - 13:31

Bonjour à tous!

Octobre est arrivé et je viens vous partager ma réflexion sur les textes proposés ce mois-ci par la Nouvelle Revue Franciscaine (NRF).

Pour « Réfléchir François dans les gestes d’aujourd’hui », la NRF a choisi les textes suivants :

- Le texte d’introduction est Jean 19,5 où Pilate, après avoir fait flageller Jésus, le présente en ces termes : « Voici l’homme! »

- Puis, nous revenons sur l’article 15 de la règle de l’OFS qui nous parle d’engagement à promouvoir la justice de façon concrète en cohérence avec notre foi.

- Le texte suivant est un extrait de l’Exode 1, Servitude d’Israël – Oppression des Hébreux. Le pharaon s’inquiète de l’accroissement du peuple israélite et craint une révolte. Il leur rend la vie dure en exigeant d’eux des travaux de plus en plus pénibles mais, cela n’ayant aucun effet, il décide de faire périr tous les nouveaux-nés garçon en les faisant jeter dans le fleuve.

- Le dernier texte est également tiré de Jean au chapitre 8 versets 1 à 11 : La femme adultère.

« Voici l’homme! », en le présentant de la sorte, Pilate nous révèle une caractéristique marquante de Jésus : ce n’est qu’un être humain! C’est ce que voit Pilate et ne comprend pas l’affolement du peuple vis-à-vis de cet homme qui n’a rien de dangereux. En effet, Pilate ne craint pas le Jésus qui est sous ses yeux. C’est un homme faible et vulnérable qu’il a devant lui. Jésus est blessé, humilié, ridiculisé à la face de l’humanité. Debout devant le peuple, portant la couronne d’épine et le manteau de pourpre, il est sans voix. Sans voix, comme des millions d’êtres humains qui subissent des oppressions semblables chaque jour de leur vie. C’était comme ça à l’époque et ça l’est encore aujourd’hui.

C’est l’image qu’il nous laisse de ces moments, c’est certain. Jésus par ce geste se montre solidaire des exclus en devenant lui-même exclu. Mais, sa marginalisation reste tout de même différente. Il est marginalisé parce qu’il refuse la rigidité de nos lois, parce qu’il refuse de faire des choix qui excluent l’amour, parce qu’il refuse de répondre à toute cette violence. Et de ces refus, il désire nous montrer toute sa confiance en la puissance de ce Dieu d’amour.

Suite à cette lecture, revenir sur l’article 15 que nous avions déjà réfléchi le mois dernier : « Par le témoignage de leur propre vie et par de courageuses initiatives, tant individuelles que communautaires, qu'ils se rendent présents pour promouvoir la justice, particulièrement dans le domaine de la vie publique et qu'ils n'hésitent pas à s'engager, pour cela, dans des options concrètes et cohérentes avec leur foi. » me ramène à moi-même et je n’ai qu’une envie, mettre en relief certains mots de notre règle que François à su mettre de l’avant comme Jésus l’a fait en son temps.

Témoignage de leur propre vie : ce n’est pas qu’un discours sur Dieu, il s’agit d’une attitude, d’une manière d’être au quotidien.

Courageuses initiatives : Avons-nous le courage de nos convictions?

Promouvoir la justice : Avons-nous cette force de caractère qui nous incite à intervenir comme le fera Jésus dans le dernier texte? Celui de la femme adultère?

N'hésitent pas à s'engager : Parfois, on se laisse trop accaparer par le quotidien tout comme Marthe s’est laissée prendre lorsqu’elle reçut Jésus chez elle.

Options concrètes et cohérentes avec leur foi : On peut tenir de très beaux discours sur l’entraide le partage,le soutien, etc. Il est facile d’être d’accord avec tous ces beaux discours. Mais, concrètement, que faisons-nous? Comment se traduit notre foi dans nos gestes quotidiens?

Sous cette lumière, regardons maintenant les textes suivants, retenus par NRF, qui nous parlent justement de l’attitude d’oppresseurs et d’une réponse concrète face à cette oppression. Exode 1, Servitude d’Israël et Jean 8 1-11, La femme adultère.

Dans le texte de l’Exode, on peut voir par l’attitude de Pharaon qu’il a peur de perdre son pouvoir. C’est la même attitude qui pousse les scribes et les pharisiens à défier Jésus cherchant à le prendre en défaut sur son propre terrain. La peur de perdre un pouvoir, une certaine autorité est donc au centre de cette réflexion. La peur de perdre notre pouvoir nous entraîne souvent à des actes méprisants. Ce pouvoir peut être celui de notre image, refusant d’être pris en défaut. Notre attitude supérieure à l’égard de certains, croyant que nous détenons une vérité que d’autres ignorent. Notre jugement sur le comportement des autres pour excuser le nôtre qui n’est jamais bien grave comparativement à ce qu’eux ont pu faire…Notre pouvoir financier, notre pouvoir physique (soumettre par la force), notre pouvoir de manipulateur, notre pouvoir de tenir de beaux discours, notre pouvoir de se croire meilleur…

On a tous peur de perdre quelque chose, un pouvoir, consciemment ou inconsciemment, aussi minime soit-il, comme s’il nous définissait aux yeux du monde. C’est alors que l’oppressé oppresse à son tour, pour récupérer ce qu’il craint s’être fait prendre.

Mais, Jésus rompt avec ce cercle en renvoyant l’oppresseur à lui-même. « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre! » Il n’entre même pas dans le jeu de l’accusation en se révoltant contre le discours des scribes et des pharisiens, pas plus qu’il n’approuve le geste de la femme. Sa réponse nous invite tous à nous regarder nous-même. Qu’est-ce que je fais moi? Quel est mon attitude?

Nous n’avons aucun pouvoir de jugement sur qui que ce soit. Nous ne pouvons que relever le blessé, soutenir l’opprimé, accueillir le marginalisé. Et c’est ce qu’a fait Jésus. Ses gestes étaient simples et sans éclat, mais eurent un impact immense car il ne renonça jamais à cette règle d’amour qu’il s’était fixé. Voici l’homme!

Éric Laliberté

Sujet: Re: Octobre — Voici l’homme! Dim 8 Oct 2006 - 0:12

Bravo et merci Éric, ce texte m'aidera grandement lors d'une prochaine rencontre avec la Fraternité.

» Histoire(s) a sens!
» Me voici ! -----Fille de Claire